Femmes et politique, une association antinomique ? Depuis les premières revendications féministes au 18e siècle, les femmes continuent de faire figure d'exception en politique. C'est bien après l'adoption du droit de vote et d'éligibilité en faveur des Allemandes en 1918 et des Françaises en 1944, bien après les trois femmes ministres du Front populaire en France que les femmes accéderont enfin à une fonction exécutive de premier plan. En 1991, Edith Cresson est la première femme à diriger le gouvernement français – et jusqu’à nos jours, la seule première ministre française. Outre Rhin, Angela Merkel devient chancelière en 2005 et féminise ainsi un terme jusque-là exclusivement masculin. Pourtant, même si l'ancienne cheffe de l'Union chrétienne-démocrate a toujours insisté sur l'importance de la parité dans tous les domaines, sa politique libérale aura, en 15 ans de mandat, accru le salariat féminin précaire, fragilisant ainsi un peu plus la situation des femmes.
En France, la loi sur la Parité votée en 2000, a été conçue comme un remède à la sous-représentation des femmes en politique. Elle vise à « favoriser […] l'égal accès aux mandats électoraux et fonctions électives », en prévoyant des amendes (seulement !) pour les partis récalcitrants. La France obtient ainsi en 2019 la 10e place au niveau mondial sur 190 pays avec 52,9 % de femmes au gouvernement, alors que l'Allemagne est cantonnée à la 26e place avec seulement 40 % de femmes ministres. Pour autant, les femmes restent très minoritaires aux postes exécutifs et celles qui y accèdent sont en général issues des couches sociales favorisées. On dénombre ces dernières années seulement 9 % de femmes maires en Allemagne et 16 % en France. Certes, les élections législatives de 2017 dans l'Hexagone ont enregistré une forte hausse de femmes élues (39,5 %). Mais de son côté, l'Allemagne régresse avec 36,8% d'élues en 2013 et 31,2 % actuellement. Le fameux « plafond de verre » existe bel et bien en politique et se maintient partout, même suite à l'adoption de la loi sur la parité, que certains partis ne manquent pas de détourner. Dans les länder de Thuringe et Brandebourg, une telle loi est d'ailleurs considérée comme anticonstitutionnelle !
Les quotas électoraux sont certainement un bon outil de discrimination positive, mais les femmes restent minoritaires en politique. Pas facile d'effacer des siècles de représentations patriarcales défavorables aux femmes, encore trop perçues de nos jours comme plus aptes à se consacrer au bon fonctionnement du foyer qu'à débattre d'idées ou occuper des postes de direction. En plus de parvenir à l'égalité salariale femmes-hommes, la répartition des tâches domestiques doit être repensée, afin de donner aux femmes plus de temps pour s'engager dans la vie publique et ainsi favoriser une plus grande égalité.
Florian Braun (MA Français/Politique) & Caroline Mary (initiatrice du projet)